
Le coût du terrain et des matériaux repousse encore le rêve de nombreux Franciliens à faire construire leurs maisons. Malgré tout, ils sont de plus en plus nombreux à réaliser ce souhait, mais plus ou moins loin de l’Île-de-France… En province. C’est encore l’effet Covid, avec un besoin d’espace, de verdure et de grand air.
En 2023, 41% des Franciliens ont fait le choix de faire bâtir leur résidence principale en dehors de l’Île-de-France. Cela représente, d’après Domexpo (1), 2 528 ménages sur 6 184 à avoir déposé une demande de permis de construire. Par rapport à 2019, leur nombre a évolué de 29% à 36% en 2021 pour atteindre 38%, 1 an plus tard. Conclusion, une augmentation de 12% en 4 ans, soit entre 2019 et 2023. Exil Francilien, une tendance clairement en marche hors de l’Île-de-France… C’est l’analyse du village d’exposition de maisons d’Île-de-France.
Tout d’abord, l’exil Francilien vers la province s’accélère en raison de la pandémie entre 2019 et 2021. Donc, pour les spécialistes le confinement est l’une des conséquences de ce phénomène, mais pas seulement. Pendant cette période, les Français ont ressenti le besoin d’extérieur comme une cour, un jardin, des lieux où l’on peut s’oxygéner. Néanmoins, d’autres critères importants entrent en lice :
- Le prix du foncier,
- La pratique du télétravail,
- Les coûts de construction.
… Les 3 éléments cités ci-dessus expliquent le départ de ces nombreux Franciliens vers la Province. Finalement, les territoires limitrophes les plus prisés par ces Franciliens sont : l’Oise (60), l’Eure (27), l’Eure-et-Loir (28).
Exil Francilien : en province, pour bâtir votre maison, vous gagnez en superficie
Alors, quelles sont les raisons qui poussent de nombreux Franciliens à s’exiler pour faire construire leur maison ? Émilie, mère de 3 enfants, nous explique son choix. Ancienne habitante de Trappes dans le département des Yvelines, elle décide de s’éloigner de l’Île-de-France afin de faire construire à Nogent-le-Roi, en Eure-et-Loir, dans une commune d’environ 4 000 habitants.
Tout d’abord, pour elle, le calcul est vite fait avec la comparaison du prix total… C’est par conséquent sans appel : « À Nogent, le terrain nous coûte 69 000€ pour 534m2 en revanche, à Thoiry, le terrain que nous avions repéré, près de chez nous, était un peu plus petit et revenait à 120 000€. Le choix était donc rapidement fait. » De plus, avec la différence de prix, elle a pu réaliser la maison de ses rêves et ainsi profiter d’une superficie plus grande. Conclusion, « Notre pavillon nous revient à 287 000€ terrain compris pour 120m2 habitables, ce qui m’a permis de mettre une chambre au rez-de-chaussée. », déclare-t-elle. « À Thoiry, on nous proposait 80m2, donc il était impossible d’en construire une en bas. »
Inconvénients, la ville de Nogent ne possède pas de gare et les commerces sont moins nombreux, cependant, la qualité de vie y est bien meilleure. « J’ai l’impression d’être en vacances toute l’année avec autant de verdure autour de moi. », s’émerveille Émilie. « Et finalement, on ne s’éloigne pas trop de Trappes, où j’ai encore de la famille, puisqu’on y est en 45 minutes en voiture. »
Quels sont les avantages d’un exil en province ?
Les principaux atouts de la province sont l’importance de l’offre et le prix des terrains. C’est l’observation de Jean-Luc Touzeau* : « Là où, en moyenne, le prix du terrain représente 40% du coût final en province, il est plus proche de 50 à 60% en région parisienne. » Par exemple, « Plus on s’approche de Paris, plus on est autour des 60%. Surtout, quand on sait que les premiers clients sont les primo-accédants, on comprend d’autant mieux, cette attirance pour la province. »
Autre intérêt de cette distance, le foncier est plus abordable. De plus, les choix sont plus nombreux. « On remarque que les futurs propriétaires ont plus tendance à se faire plaisir en allant piocher dans des suppléments comme un garage, une terrasse, une cuisine… », relance-t-il. Ou bien, ils choisissent une habitation plus grande.
Cet exil des Franciliens a été facilité par l’instauration du télétravail. « Quand on ne doit aller à Paris que deux fois par semaine, on peut se permettre d’habiter à 150km de la capitale. »
En outre, le montant des travaux sera variable en fonction du lieu, que vous soyez dans une petite ou une grande agglomération. « Les conditions d’accès aux chantiers, les terrains rarement disponibles qui nécessitent la destruction d’un bâtiment pour permettre la reconstruction, ou encore la nature des sols, souvent argileux, qui nécessitent de lourds travaux préparatoires, sont autant de facteurs qui font s’envoler la facture. », précise Ludovic Lapeyre**.
Chute de 30% du marché immobilier en Île-de-France
Plusieurs hausses sévères ont fait grimper le coût des matériaux de construction. Les principales causes sont le début de la guerre en Ukraine, mais aussi l’application de la norme RE 2020, concernant la performance énergétique. Résultat, une flambée des prix. « Aujourd’hui, une maison coûte environ 30% plus cher qu’il y a 2 ans. », se lamente cet expert. « Donc forcément, c’est le foncier qui va servir de variable d’ajustement. » Un critère plus qu’important qui renforce cet exil Francilien.
En Île-de-France, les spécialistes ont enregistré un recul de 30% du marché immobilier en 1 an. Finalement, le facteur important de cet effondrement de 30% est la hausse des taux d’intérêt qui a particulièrement touché les primo-accédants. Pourtant, le vice-président compte reconquérir cette clientèle rapidement.
« D’une part, les taux ont baissé, ce qui permet aujourd’hui à un couple gagnant 4 000€ d’emprunter 15 000€ de plus qu’en septembre 2023 (215 000€ contre 200 000€). Et d’autre part, le prix du foncier est en train de baisser en Île-de-France. », expertise-t-il. « On peut donc espérer leur retour dans nos agences dans peu de temps. »
D’après les experts, la baisse des taux d’intérêt et du foncier ne suffira pas. Pour relancer le marché de l’immobilier, l’État aurait une option : réinstaurer le prêt à taux zéro pour la maison individuelle parce que celui-ci a été supprimé fin mars 2024. Ce choix pourrait faire diminuer cet exil Francilien
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- Domexpo : Un village d’exposition de maisons en Île-de-France.
* Jean-Luc Touzeau : Patron de JLT Construction.
** Ludovic Lapeyre : Vice-Président de Domexpo.