Les professionnels de la construction redoutent un accroissement cruel du manque de logement dans les années à venir. Actuellement, il manque 1 million de biens dans le parc immobilier français et en outre, les permis de construire se font rares. Par conséquent, les professionnels alertent les politiques, afin de remettre le sujet du logement au cœur du débat, en cette période d’élection présidentielle.
Depuis la période d’inactivité due à la crise sanitaire donc l’arrêt des chantiers, le secteur rattrape doucement son retard. La pénurie est toujours là, mais le secteur reprend des couleurs et retrouve son niveau de 2019 avec 464 000 permis de construire sur les 12 derniers mois.
Les professionnels du bâtiment ont été confrontés à d’énormes difficultés en raison du contexte très particulier des deux années précédentes. Tout d’abord, les confinements successifs entrainant des problèmes d’acheminement et surtout, ils constatent une raréfaction des matériaux, et par conséquent, une flambée des prix.
De plus, ils dénoncent la difficulté à trouver des terrains libres et à obtenir, de la part des élus, les permis de construire. Ils sont aussi confrontés aux normes de construction de plus en plus nombreuses et drastiques avec la loi Climat et résilience. Pour exemple : la norme RE2020 qui garantit une construction plus responsable de l’environnement. Les professionnels du bâtiment observent aussi une pénurie de main d’œuvre qui entrainent des délais de construction plus longs.
Selon les Promoteurs Immobiliers de France (FPI) : « Pour dès à présent contrecarrer la pénurie de logements et lutter contre la hausse des prix, il faudrait construire plus de 500 000 nouveaux logements par an pendant 10 ans ».
Chute des ventes de logements neufs
En 2021, la FPI se désole d’une baisse de 12% des ventes de logements neufs par rapport à l’année 2019. En présentant son bilan de l’année 2021, la FPI observe une chute de -28% de l’offre commerciale entre le quatrième trimestre 2021 et le troisième trimestre 2018. Les ventes de logements neufs en 2021 ont été de 147 112. Au cours des cinq dernières années, 360 000 logements, en moyenne, ont été livrés chaque année.
La mise en chantier plafonne déjà et selon Pascal Boulanger* : « Les besoins de logements ne faiblissent pas, si l’on en construit moins de 400 000 par an, le déficit va continuer à se creuser. Les prix déjà en hausse vont continuer à grimper de plus de +5% ».
NOMBRES DE LOGEMENTS AUTORISÉS OU COMMENCÉS ENTRE 2012 ET 2021
© Anne-Marie HALBARDIER – Source : Ministère de la Transition écologique
Un manque de permis de construire : les élus doivent en délivrer à nouveau
Pour Pascal Boulanger : « Nous devons inciter les maires à délivrer de nouveaux permis de construire. Les chiffres font apparaitre une baisse de 6,7% des autorisations de logements collectifs entre 2019 et 2021. C’est très préoccupant ».
« Pour inciter les élus à resigner des permis, il faudrait peut-être remettre en place le système de bonus-malus, qu’ils ont perdus aujourd’hui. Et ainsi aider les maires bâtisseurs qui respectent les plans locaux d’urbanismes (PLU) des autres ».
Avec le respect du PLU et la loi Climat et résilience, si certains terrains et espaces verts doivent rester non constructibles, alors il faut accepter de densifier encore plus les centres-villes et les zones déjà très denses en population.
Pour les promoteurs immobiliers : « Nous ne souhaitons pas bétonner pour bétonner, mais ce que l’on ne peut pas construire horizontalement, il faudra bien le faire verticalement… La population s’accroit de jour en jour et il faut bien la loger ».
Selon un professionnel du bâtiment : « Avec la suppression de la taxe d’habitation et la fin de l’exonération de la taxe foncière pour les logements neufs, les maires n’ont plus intérêt à construire ».
Le logement en France : bilan déplorable, coût trop élevé et qualité en baisse
La pandémie de la COVID-19 a fragilisé les actifs français aux revenus les plus modestes, les jeunes et les petites retraites. Parmi les priorités des Français : retrouver du pouvoir d’achat et vivre dans un logement où l’on se sent bien et en sécurité. Selon Grégory Monod** : « 25% du budget des Français est consacré au logement, c’est le troisième poste de dépenses du foyer ».
Alors, les conséquences de la crise sanitaire ont mis en évidence une priorité des Français : être bien chez soi au quotidien.
L’étude, de la FPI en collaboration avec l’institut Elabe, démontre que 67% des interrogés militent pour une augmentation du nombre des constructions en France. Le prix et le manque de logements sur le territoire est devenu un problème pour de nombreux français. Selon l’étude de la FPI, 41% expliquent rencontrer des difficultés pour se loger.
L’étude a interrogé 3 006 personnes fin janvier 2022. Le panel est composé à 60% de propriétaires, 37% de locataires et 3% de citoyens logés à titre gratuit. L’objectif de cette étude, comprendre les priorités et les problématiques rencontrées.
SITUATION DU LOGEMENT EN FRANCE VU PAR LE PANEL INTERROGÉ
© Anne-Marie HALBARDIER – Sources : Elabe – FPI France – Mars 2022
Manque de logements en France, les Français en faveur de nouvelles constructions
76% de nos concitoyens pensent qu’il existe véritablement un manque de logement. Donc, pour répondre à cette situation, 67% des Français estiment que l’on doit en construire davantage. Ils se plaignent aussi des délais de construction trop longs.
Cela ne réglerait pas le problème mais ils pensent que ce pourrait être une des solutions possibles. Lors des dernières années, propriétaires ou locataires ont constaté une hausse des coûts lors de l’achat ou de la location d’un bien immobilier.
Depuis plusieurs années, la situation du logement en France s’est dégradée pour 82% et ne va pas s’améliorer dans l’avenir pour 71%.
EN FRANCE : PAS ASSEZ DE LOGEMENTS
© Anne-Marie HALBARDIER – Sources : Elabe – FPI France – Mars 2022
La hausse des prix et le manque de biens sur le marché de l’immobilier posent un gros souci à 82% des Français. Les professionnels du secteur observent que cela devient un vrai parcours du combattant pour 82% des futurs propriétaires et le chiffre grimpe à 88% pour ceux qui sont à la recherche d’une location.
Et la nouvelle réglementation de la loi Climat et résilience ?
Les nouvelles normes, mise en place dans les prochains mois par le gouvernement, ne vont pas aider. Le marché du logement va rester très tendu. La chasse, par l’État, aux « passoires thermiques » avec le nouveau DPE va exclure du parc de location les logements classés « G ». Ceux sont les habitats dont la consommation énergétique dépassera les 450 kWh/m2 par an.
Pour conclure. Le logement doit-il devenir dans les semaines à venir un sujet prioritaire pour les candidats aux élections présidentielles ? Le ou la futur(e) président(e) devra-t-il (elle) prendre ce sujet épineux à bras le corps ?
*Président de la FPI France
** Président du Pôle-Habitat-FFB