C’est le constat en Île-de-France, et principalement à Paris, pour le marché de la location. Parce que l’offre de petites annonces immobilières locatives s’effondre. En 1 an, les agences comme les plateformes d’annonces immobilières ont enregistré une chute de 50% concernant les appartements.
Actuellement, les agences font face à une demande importante d’appartements à louer tandis que le nombre d’offres sur le marché s’est réduit de moitié. Les chiffres sont dévoilés par et sur la plateforme SeLoger. Selon le site, la situation est tendue et révèle divers facteurs responsables. Conclusion, les annonces locatives se raréfient sur l’hexagone et plus particulièrement à Paris.
Aux dires de Barbara Castillo* : « Cette baisse fulgurante est d’abord liée aux difficultés d’accès au crédit et à l’augmentation des taux d’emprunt qui poussent de potentiels acheteurs vers la location. En effet, les premiers impactés sont les primo-accédants qui, ne pouvant plus acheter, restent plus longtemps locataires. Il y a moins de rotation qu’avant (Depuis 6 mois, moins de 2% de turnover à Paris selon la FNAIM). »
Les logements dans la capitale sont aussi fortement impactés par la loi Climat et résilience avec la mise en place des étiquettes énergétiques (DPE). Selon le résultat du DPE, c’est-à-dire le classement énergétique du logement, il est possible ou non de le proposer à la location. Sachant que les logements classés G+ (Paris en compte 27%) sont interdits à la relocation sans travaux de rénovation énergétique.
De plus, Paris, comme d’autres grandes villes de France, a choisi de plafonner le montant des loyers en appliquant la loi “Encadrement des loyers”.
Les annonces locatives sont soustraites rapidement du marché par les agences
Offre en baisse et demandes en augmentation, la situation est explosive. Résultat, les agences sont submergées et elles doivent modifier leur process. « Une annonce pour un appartement publiée le soir va générer des centaines de mails et d’appels. On aimerait répondre, mais c’est humainement impossible. De ce fait, il est fréquent qu’on enlève l’annonce dans la matinée. », déclare Laurent Da Costa***. « En 17 ans d’activité, je n’ai jamais vu un marché aussi tendu. », conclut-il. Afin de faire un point de la situation au 1er janvier 2024, voir la carte ci-dessus.
EFFONDREMENT DU NOMBRE D’ANNONCES DE LOCATION IMMOBILIERE
EN ÎLE-DE-FRANCE
Évolution du stock d’appartements à louer en Île-de-France + l’oise
© Anne-Marie HALBARDIER – Source : SeLoger
C’est pourquoi à Paris, de nombreuses agences ne mettent plus, depuis 2 ou 3 mois, les annonces de T2 ou studio en ligne afin de se soustraire à la forte demande.
Cependant, les propriétaires ne se sentent pas responsables de la rareté des biens mis en location. D’après Sylvain Grataloup** : « C’est tout le système qui est grippé. La location sur Airbnb est un phénomène à la marge. En effet, si la fiscalité était la même pour la location courte et longue durée, ça serait moins décourageant. En outre, un abattement plus important quand on loue un appartement rénové serait plus incitatif pour les propriétaires… »
Annonces locatives, c’est un enfer… Il y a de quoi déprimer
En agence ou en ligne, les personnes recherchant une location ou une colocation rament pendant des mois. Afin de bien se rendre compte du problème, voici 2 exemples :
Premièrement, Alexandre 25 ans, ingénieur habitant en province, « C’est un enfer. Il y a de quoi déprimer. » Lorsqu’il se rend à Paris pour le travail, il est actuellement hébergé par des amis. Il cherche, avec un ami, une colocation depuis novembre 2023. « On envoie des messages, mais on n’a jamais aucune réponse. Il faut appeler dans les 10 minutes, mais avec mon travail, ça n’est pas toujours possible. Lorsqu’on arrive à avoir quelqu’un, c’est déjà trop tard. »
- Résultat des recherches : 3 dossiers déposés, 3 refus et 1 explication, « Il faut bien faire un choix… »
Deuxièmement, même problème pour Léa et son amie Anouck. « J’ai visité un appartement où on était vingt et parmi nous, il y avait des couples. Par conséquent, je pense que notre dossier n’a pas été vu. », présume Anouk, 28 ans.
- Leur dossier n’est pas parfait, Léa était en période d’essai pour un CDI et Anouck en recherche d’emploi. Particulièrement en position de force, les propriétaires choisissent les meilleurs profils. Néanmoins, pour Corinne Bérec**** : « Elles ont depuis trouvé leur bonheur, un 3 pièces dans le XIIe. Leur dossier est moins bon que celui d’un couple de fonctionnaires, mais elles avaient de bons garants. »
Mais attention, le nombre d’annonces en infraction s’est multiplié sur les plateformes.
Les agences immobilières sont submergées de demandes de logement locatif
Tout d’abord, toutes les agences le confirment, elles sont débordées en raison du nombre de demandes. Exemple, dans une agence Orpi, pour un 2 pièces dans le XXe, « On a reçu 1 174 demandes en une demi-journée ! » Donc, les agents immobiliers ne peuvent pas répondre à tout le monde par manque de temps. Conséquence, les annonces publiées restent peu de temps. Néanmoins, ils s’organisent au mieux, « Pour chaque annonce, on ouvre huit créneaux de visite. Ensuite, les gens sont mis sur liste d’attente. Ainsi, on peut prendre les dossiers dans l’ordre d’arrivée. »
En outre, les réseaux Orpi et Laforêt préconisent aux demandeurs de déposer leur dossier eux-mêmes dans les agences. « Le fait de voir la personne est un plus. », déclare Samantha, une conseillère en location chez Laforêt.
De plus, selon SeLoger, le manque de logement impacte le prix des loyers. Finalement, depuis 2019 et l’application de la loi d’encadrement des loyers dans la capitale, la plateforme enregistre une augmentation des prix de +4,6% en 3 ans. Voire, même une progression de +3,3% pour l’année 2023.
Cependant, cette hausse reste inférieure à l’augmentation annuelle autorisée par l’IRL (1) de +3,5% en vigueur jusqu’au 31 mars 2024.
Conséquence de l’effondrement du nombre d’annonces à Paris, le prix de la location atteint aujourd’hui 30,80€/m2. « Un niveau de loyer jamais atteint sur les 5 dernières années. », indique SeLoger.
(1) IRL
L’Indice de référence des loyers.
© Anne-Marie HALBARDIER
Résultat pour Paris, une hausse de 50€/mois pour 50m2
Depuis janvier 2022, les loyers sont repartis à la hausse. Pour la capitale, cela représente, pour un locataire, une augmentation de 50€/mois pour un logement de 50m2. Ainsi, pour la responsable des études économiques chez SeLoger : « L’encadrement des loyers ne fait plus peur. Pour les gens, il n’y a pas assez de vérifications, et on peut faire passer une hausse via le complément de loyer. »
Afin de pouvoir vérifier si le montant de votre loyer n’est pas abusif, la ville de Paris a mis en service une plateforme en ligne. Concernant les loyers parisiens, depuis 2023, la mairie de Paris contrôle et sanctionne les bailleurs hors-la-loi.
Concernant l’encadrement des loyers dans la capitale, Barbara Gomes*****déclare : « En 1 an et sur 1 631 signalements, la ville de Paris a adressé 490 mises en demeure et ainsi sanctionné les bailleurs qui ne respectent pas la loi. »
PAROLE D'EXPERT
Selon les villes, le montant du loyer peut fortement varier. Alors propriétaire, pour vous garantir une rentabilité optimale de votre bien, faites appel à un expert en immobilier, car celui-ci vous proposera une expertise en valeur vénale.
N’hésitez pas, contactez CEI PARIS.
À savoir, que vous soyez propriétaire ou locataire, vous avez, selon la loi, des droits et des obligations.
* Barbara Castillo : Responsable des études économiques chez SeLoger.
** Sylvain Grataloup : Président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI).
*** Laurent Da Costa : Directeur d’une dizaine d’agences Laforêt dans le Xe, XIe, XIIe et XIIIe arrondissement de Paris.
**** Corinne Bérec : Vice-présidente de la coopérative Orpi.
***** Barbara Gomes : Conseillère déléguée en charge de l’encadrement des loyers à Paris.